LE Concept du pèlerinage

LE CONCEPT EN VIDEO

LE PRINCIPE

En tout, 107 jours de procession sur plus de 2000 km, par étapes d’une quinzaine de kilomètres, avec chaque jour l’accueil de différents pèlerins, groupes, paroisses ou mouvements.

Départs

jours

kilomètres

Diocèses traversés

LA CARTE

Retrouvez sur la carte l’ensemble des étapes, les référents et toutes les informations nécessaires pour rejoindre le pèlerinage.

La carte est interactive, vous pouvez augmenter l’échelle et cliquer sur les points.

Points bleu Équipe en place – renforts bienvenus
Point gris : Référent manquant – besoin urgent

Points gris clair : Etape impactée par le confinement ou à adapter suite au déconfinement

[  ] Cliquez sur le bouton en haut à droite pour agrandir la carte du M de Marie [  ]

POURQUOI EN 2020 ?

L’incendie de Notre-Dame nous a montré encore récemment à quel point l’âme de la France était liée à Marie. L’émoi suscité par cet évènement a dépassé très largement les limites de nos frontières. Cet évènement a été le déclencheur de ce projet.

A travers Notre-Dame, c’était cette grande Histoire d’amour entre Marie et la France qui brûlait sous nos yeux, comme un signe prophétique appelant à la « reconstruction ». Cette belle Histoire spirituelle de France, nous avons pu la redécouvrir avec le livre Marie et la France sorti l’année dernière, et ainsi reprendre conscience de ce lien si extraordinaire qui nous lie à Marie.

Alors que notre pays fait face à des défis immenses, auxquels s’ajoute ce nouveau drame de l’épidémie du coronavirus qui fait rage en Europe et dans le monde, il est grand temps de créer un grand mouvement vers Marie pour lui confier notre pays. Nous sommes convaincus que le réveil spirituel de la France passe par l’intercession de la Vierge Marie, comme l’a annoncé Marthe Robin.

OBJECTIFS

1

Redécouvrir le lien qui unit Marie et la France

2

Laisser Marie toucher notre coeur, prier pour la France

3

Proposer une consécration au Coeur de Marie, selon la pédagogie de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort 

4

Aller aux périphéries dans une démarche d’évangélisation missionnaire par la piété populaire

LES DIFFERENTS MESSAGES

Le message de La Salette

1846 : La Salette

Le 19 septembre 1846, Marie apparaît à deux enfants, Mélanie et Maximin, sur la montagne de La Salette. Elle pleure et va révéler aux enfants ses secrets : « On ne respecte plus le dimanche, jour du Seigneur, on jure sans cesse en ne respectant pas le nom de mon Fils. Si mon peuple ne se convertit pas, il lui arrivera de grands malheurs. Je ne peux plus retenir le bras de mon Fils » (cf les apparitions de Pellevoisin- 1876).

Les protagonistes. Deux enfants, Mélanie et Maximin, pauvres parmi les pauvres, ignorants parmi les ignorants, mais deux enfants au cœur pur, furent les témoins d’une apparition de Marie sur la montagne de La Salette (Isère). Maximin Giraud a 11 ans et Mélanie Calvat 14 ans. Lui est né à Corps (Isère) le 26 août 1835. Sa mère, Anne-Marie Templier, meurt alors qu’il n’a que 17 mois. Son père Germain Giraud, charron, se remarie peu de temps après. Malmené par sa belle-mère, le petit Maximin passe alors beaucoup de temps à l’extérieur, s’amusant avec son chien et gardant sa chèvre. Mélanie Calvat, quatrième des dix enfants d’un tailleur de pierres de Corps, est née le 7 novembre 1831. Très jeune, elle est sollicitée par ses parents sans le sou pour garder le bétail dans les fermes environnantes, voire pour mendier dans la rue. Tous deux sont sans culture et sans éducation religieuse.  

Les trois phases de l’apparition. Samedi 19 septembre 1846, veille de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, les deux enfants gardent un troupeau de vaches dans la montagne alpine à 1 800 mètres d’altitude, au lieu-dit La Salette.
1. La Vierge en pleurs. Après un repas près de la fontaine des Hommes puis une courte sieste, ils se réveillent et s’inquiètent du sort des bêtes. C’est alors qu’ils aperçoivent, dans le petit ravin de la Sézia, un globe de feu d’un mètre de diamètre environ. Soudain, l’insolite lumière tourbillonne, puis s’entrouvre. Stupéfaits, les deux enfants remarquent une forme humaine, une « Belle Dame », assise, les coudes appuyés sur les genoux et qui pleure.
2. La conversation. Mélanie et Maximin ignorent qui est cette « Belle Dame ». Celle-ci se lève, s’avance légèrement et leur dit : « Avancez mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle » (Cf. récit complet dans les « compléments »).
3. L’Assomption
. Traversant la Sézia, la « Belle Dame » gravit la pente du ravin, au lieu de monter tout droit, elle décrit une sorte de « S » très allongé. Arrivée sur le plateau, la « Belle Dame » s’élève, elle reste un moment suspendue en l’air, puis disparaît peu à peu. L’apparition est finie. Elle a duré, suppose-t-on, environ une demi-heure, mais elle sembla aux enfants aussi brève qu’un éclair.  

Le message de Marie. D’abord assise et toute en larmes, la « Belle Dame » se lève et leur parle longuement, en français et en patois, de « son Fils » tout en citant des exemples tirés du concret de leur vie. « Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. (…) » Toute la clarté dont elle est formée et qui les enveloppe tous les trois, vient d’un grand crucifix qu’elle porte sur sa poitrine, entouré d’un marteau et de tenailles. Elle porte sur ses épaules une lourde chaîne et, à côté, des roses. Sa tête, sa taille et ses pieds sont entourés de roses. Elle poursuit : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir. Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. (…) S’ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres. (…) » Son message achevé, la « Belle Dame » gravit un raidillon et disparaît dans la lumière. Une consigne est laissée aux enfants : « Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple ! Allez, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple ! »  

L’engouement de tout un peuple.
 De retour au village, les deux enfants commencent à raconter cette histoire invraisemblable, à Madame Pra puis au curé du village : une « Belle Dame », toute de lumière, leur serait apparue dans les alpages et leur aurait parlé longuement. Pouvait-on croire ces jeunes bergers racontant un fait n’ayant eu d’autres témoins qu’eux-mêmes ? Difficile, et pourtant, la population est troublée.  

Les suites de l’apparition. Fin 1847, un premier rapport au chanoine Rousselot est positif. Malgré les nombreuses interrogations (Mgr de Bonald, le futur Mgr Dupanloup…) voire la menace des gendarmes, leur témoignage ne varie pas. Le 19 septembre 1851, après une enquête longue et rigoureuse, Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, déclare dans un mandement : « L’apparition de la Sainte Vierge à deux bergers sur la montagne de La Salette […] porte en elle-même tous les caractères de la vérité et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine. » Le 25 mai 1852, l’évêque pose devant 15 000 pèlerins la première pierre d’un grand sanctuaire comportant une église de style néo-roman et une hôtellerie attenante.

 

À la suite de pèlerinages et de guérisons, plus de 900 chapelles en France et à l’étranger reproduisent cette apparition de Notre-Dame. Achevée en 1861, agrandie en 1897, la basilique (dont le statut fut établi le 21 août 1879) est classée monument historique depuis 1945.  

Depuis plus d’un siècle et demi, les foules ne cessent d’affluer à Notre-Dame de La Salette (deuxième plus grand pèlerinage de France après Lourdes), poussées par leur curiosité ou en quête d’une élévation spirituelle, malgré la difficulté du chemin. Ils sont accueillis depuis 1962 par l’Association des Pèlerins de La Salette (A.P.S.).

 

Pour en savoir plus, lire « La vraie Mélanie de La Salette » Pierre Téqui éditeur.

Le message de Pellevoisin

Depuis 500 ans, en France, on ne compte pas moins de 240 lieux de mariophanies reconnus ou autorisés. C’est dire combien Marie aime la France. Le 10 février 1638, dans un acte solennel qui deviendra une loi fondamentale enregistrée par le Parlement, le roi Louis XIII consacre « sa personne, son État, sa couronne et ses sujets » à la Sainte Vierge Marie, confirmant ainsi l’antique adage venu des Francs : « Le royaume de France est le royaume de Marie. » Il instaure aussi une procession chaque année le 15 août pour la fête de l’Assomption, dans toutes les églises de tous les diocèses du royaume et requiert une représentation de son acte de consécration dans le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris[1]. Après la Révolution Française, au XIX° siècle, la Vierge montrera encore son amour pour la France en apparaissant cinq fois : à la Rue du Bac (1830), à la Salette (1846), à Lourdes (1858), à Pontmain (1871) et à Pellevoisin (1876), formant ainsi un grand M sur notre pays.

Les apparitions vont se dérouler entre le 14 février 1876 et le 8 décembre de la même année. Marie apparaît à une jeune femme, Estelle, qui est malade en phase terminale au début des apparitions, et sera guérie à la cinquième apparition (19 février). Marie se présente comme ‘la Toute Miséricordieuse’ (3° apparition) et dira à Estelle plus tard qu’elle est venue pour ‘La conversion des pécheurs’ (7° apparition), et pour ‘les petits et les faibles’ (13° apparition). Elle présentera à Estelle (9° apparition), le scapulaire qui porte, sur le devant, le Cœur de son Fils et, plus tard, avec l’accord de Rome, de l’autre côté, une image de Marie. C’est là le noyau central des apparitions : la ‘Toute Miséricordieuse’ conduit au Cœur de son Fils, source de la Miséricorde. Marie invite à prier plus spécialement pour l’Eglise et pour la France (11° apparition) : « Ce n’est pas seulement pour toi que je demande [le calme] mais aussi pour l’Eglise et pour la France. Dans l’Eglise il n’y pas ce calme que je désire ».

A propos de la France, dans sa 9° apparition, Marie nous reprend affectueusement, comme seule une Mère sait le faire : « Tu t’es privée de ma visite le 15 août ; tu n’avais pas assez de calme. Tu as bien le caractère du Français, il veut tout savoir avant d’apprendre et tout comprendre avant de savoir ». Puis Elle ajoute à la 11° apparition : « Et la France ! Que n’ai-je pas fait pour elle ! Que d’avertissements, et pourtant encore elle refuse d’entendre ! Je ne peux plus retenir mon Fils … La France souffrira [mais] courage et confiance. ».

Les difficultés qui vont se produire par la suite et entraver le rayonnement du message tiennent au contexte politique et aux initiatives souvent contreproductives de la comtesse de la Rochefoucauld, du P. Salmon et de certains de ses proches. La comtesse joue un rôle ambigu : jalouse d’Estelle, elle s’efforce de limiter son influence et, pour cela, use de son pouvoir auprès de Mgr Servonnet, – évêque républicain hostile aux apparitions – pour la discréditer. Cependant, au moment où le gouvernement voudra fermer le sanctuaire, elle autorisera les pèlerins à se réunir dans le parc adjacent et par là même sauvera le pèlerinage[2].

Les plus grandes difficultés viennent du P. Salmon lui-même et de certains membres de son entourage. Ultra-monarchiste, il voit dans les apparitions de Pellevoisin le moyen que choisit la Vierge pour ‘sauver la France’. Notons plutôt que la Vierge, comme elle le dira elle-même à Estelle à la 7° apparition est « venue particulièrement pour la conversion des pécheurs. »

Tout ceci nous fait percevoir le courage d’Estelle qui a toujours voulu rester fidèle au contenu du message délivré par la Vierge. Estelle a eu une vie un peu semblable à celle de Bernadette. Née de parents pauvres, après un essai de vie religieuse qui tourne court par suite de mauvaise santé, elle est embauchée finalement par la famille de La Rochefoucauld pour s’occuper des enfants. En août 1875, elle apprend que la maladie qui la fait souffrir depuis une dizaine d’années, est devenue incurable ; elle se décide alors à écrire à la Sainte Vierge. Après sa guérison, de nombreuses calomnies courront sur son compte, comme Marie le lui avait annoncée : « Tu auras des embûches ; on te traitera de visionnaire, d’exaltée, de folle ; ne fais pas attention à tout ceci ; sois moi fidèle, je t’aiderai (5° apparition).   Tout ceci cessera à la fin de sa vie. Avec l’accord de son curé, elle n’aura pas peur de se rendre à Rome par trois fois pour rencontrer Léon XIII (2 fois) puis St Pie X, afin de faire connaître le scapulaire du Sacré-Cœur que la Vierge lui a révélé.

Estelle n’a pas peur. En tant que femme et servante, elle est au plus bas de l’échelle sociale de son époque. Mais cette âme droite, qui ne supporte pas le mensonge, s’est souvent confrontée à son ancienne maîtresse qui s’estimait propriétaire du message. De plus, la voyante s’est retrouvée parfois aussi confrontée à des contradicteurs masculins. Elle résiste au comte de La Rochefoucauld qui voulait l’obliger à fermer la chapelle des apparitions. Elle tient bon face aux interdictions du préfet. Elle ne cède pas face à la calomnie répandue par des membres du clergé et aux persécutions d’un archevêque Mgr Servonnet, particulièrement zélé à appliquer les directives gouvernementales. Estelle est libre vis-à-vis d’elle-même. Elle a une âme pénétrée des vertus mariales. Profondément maternelle, elle a prodigué ses soins aux enfants de la famille de La Rochefoucauld, qu’elle a élevés comme si c’était les siens. On peut dire aussi qu’elle sait se faire extrêmement discrète. À la fin de sa vie, elle est devenue une prière incessante pour les autres. Un florilège de perles glanées au fil de ses lettres montre l’héroïcité des vertus mariales qu’elle a pratiquées : « La souffrance est notre partage et le calme notre force. » ; « Moi, je ne suis rien, mais ma mission est le commandement de la Mère toute miséricordieuse. » « C’est un honneur de souffrir pour la Sainte Vierge. » « Je suis bien dangereuse de défendre la Sainte Vierge en affirmant la vérité de ses apparitions. Le diable est bien poltron de craindre une pauvre fille sans défense aucune, que de dire la vérité. » « La souffrance fait le mérite de la vie ; « Je suis si pauvre que je n’ai que mes prières à vous offrir. » Finalement, dans sa vieillesse, Estelle apparaîtra comme une femme ‘libérée par Marie’. Sa longue vie s’achèvera par une action de grâce exprimée dans ce dernier ex-voto placé dans la chapelle des apparitions : « Merci, ma Bonne Mère, de mon heureuse vieillesse. » Elle a vécu, de bout en bout, ce que la Vierge lui avait demandé : « Si tu veux me servir, sois simple et que tes actions répondent à tes paroles. » Finalement, cette attitude intérieure lui procure une véritable noblesse, que son visage, tout pénétré de paix et de bonté, n’a cessé de refléter jusqu’à la fin de sa vie.

Dès lors, on ne s’étonne pas que le cœur du message de Pellevoisin: ‘ALLER AU CŒUR DE JESUS, SOURCE DE TOUTE MISERICORDE, PAR LE CŒUR DE MARIE, TOUTE MISERICORDIEUSE’ ait connu un grand rayonnement: tout d’abord en France,  mais aussi à l’étranger, par exemple à la Martinique où, à l’occasion d’une mission récente, il nous fut donné de découvrir, dans plusieurs paroisses, de belles statues de Notre Dame de Pellevoisin amenées par des paroissiens venus en pèlerinage au sanctuaire dans les années soixante. Sans aller aussi loin, lors de l’installation de la statue de Notre Dame de Pellevoisin à l’église Saint Louis d’Antin à Paris, en 2017, les foules étaient si nombreuses qu’il fallut doubler la conférence et l’on distribua des centaines de scapulaires à cette occasion. Aujourd’hui encore des milliers de pèlerins viennent chaque année de plusieurs parties du monde (Thaïlande, Colombie, Irlande, Japon etc.). Pellevoisin est aussi connu par la présence de Georges Bernanos qui y est enterré. Enfin la présence de la Famille Saint Jean (frères, sœurs contemplatives, sœurs apostoliques), permet d’assurer une vie liturgique régulière (sœurs contemplatives) et un accueil de qualité (hôtellerie, présence de prêtres pour les confessions et accompagnement spirituel, boutique bien achalandée). A proximité du sanctuaire, une maison pour les garçons (aux Besses) et une maison pour les filles (à Méobec), permettent d’accueillir les anciens toxicomanes et de leur redonner CALME, COURAGE, CONFIANCE près de la Vierge Toute Miséricordieuse.

Pour le futur, on peut penser que le sanctuaire participera, dans toute sa mesure, à faire advenir le Triomphe de Cœur Immaculé de Marie (apparition de Fatima). Marie n’a-t-Elle pas demandé à Estelle de publier sa gloire[3] ? Et l’on peut être sûr aussi que le triomphe du Cœur Immaculé de Marie préparera le Second Avènement du Christ, ROI DE MISERICORDE, dont les pèlerins portent aujourd’hui les armes pacifiques sur le cœur quand ils reçoivent le scapulaire.

 

[1] C’est cet ensemble de statues qui demeurera dans le chœur au moment de l’incendie de la Cathédrale Notre Dame de Paris, le 15 avril 2019. Rappel de la Divine Providence que la France fut consacrée à Marie !?

[2] Elle fera même ouvrir une porte discrète qui permettra à certaines personnes qu’elle choisit d’accéder discrètement à la chapelle ‘interdite’.

[3] « Si mon Fils te rend la vie, je veux que tu publies ma gloire » (1° apparition)

Le message de la Chapelle de la Médaille Miraculeuse

1830 : Paris Rue du Bac

Le samedi 27 novembre 1830, la Vierge Immaculée apparut à Sainte Catherine Labouré, Fille de la Charité. ELLE lui confia la mission de faire frapper une médaille dont Elle lui révèlera le modèle. Toutes les personnes qui la porteront au cou, avec confiance, et réciteront avec piété cette prière “O Marie conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous”, jouiront d’une protection spéciale de la Mère de Dieu et recevront de grandes grâces. Le globe que Marie tient dans ses mains représente le monde entier, spécialement la France et chaque personne en particulier …. « Les rayons sont le symbole des grâces que j’accorde à ceux qui me le demandent » (cf. Pellevoisin : le scapulaire et la pluie de grâces qui tombent des mains de Marie)

Catherine rencontre la Sainte Vierge. Le 18 juillet 1830, en la veille de la fête de saint Vincent à 23h30, Sœur Catherine s’entend appeler par son nom. Un mystérieux enfant est là, au pied de son lit et l’invite à se lever : « La Sainte Vierge vous attend. » Catherine s’habille et suit l’enfant. Arrivée dans la chapelle, son petit guide lui dit : « Voici la Sainte Vierge. » Elle hésite à croire. Mais l’enfant répète d’une voix plus forte : « Voici la Sainte Vierge. » « Là, il s’est passé un moment, le plus doux de ma vie. Il me serait impossible de dire ce que j’éprouvais. La Sainte Vierge m’a dit comment je devais me conduire envers mon confesseur et plusieurs autres choses. » La Sainte Vierge désigne de la main l’autel où repose le tabernacle et dit : « Venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur. » Catherine reçoit l’annonce d’une mission difficile et la demande de fondation d’une Confrérie d’Enfants de Marie, ce qui se fera le 2 février 1840.

La deuxième apparition. Le 27 novembre 1830, la Sainte Vierge apparaît de nouveau à Sœur Catherine dans la chapelle. Cette fois, c’est à 17h30, pendant l’oraison, sous le tableau de saint Joseph. D’abord elle voit comme deux tableaux vivants et dans lesquels la Sainte Vierge se tient debout sur le demi-globe terrestre, ses pieds écrasant le serpent. Dans le 1er tableau, la Vierge porte dans ses mains un petit globe doré surmonté d’une croix qu’elle élève vers le ciel. Catherine entend : « Cette boule représente le monde entier, la France et chaque personne en particulier. » Dans le 2e tableau, des mains ouvertes de la Sainte Vierge sortent des rayons d’un éclat ravissant. Une voix explique : « Ces rayons sont le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent. » Certains rayons cependant restent sombres : ce sont les grâces que personne ne demande. Puis un ovale se forme autour de l’apparition et cette invocation s’inscrit en demi-cercle en lettres d’or : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Une voix se fait entendre : « Faites, faites frapper une médaille sur ce modèle. Les personnes qui la porteront avec confiance recevront de grandes grâces. » Enfin le tableau se retourne et Sœur Catherine voit le revers de la médaille : en haut une croix surmonte l’initiale de Marie, en bas deux cœurs, l’un couronné d’épines, l’autre transpercé d’un glaive. En décembre 1830, pendant l’oraison, la Sainte Vierge se présente une troisième fois auprès du tabernacle, un peu en arrière et lui confirme sa mission. Elle ajoute : « Vous ne me verrez plus. » C’est la fin des apparitions.

La mission. Sœur Catherine confie tout cela à son confesseur, le Père Aladel, lazariste, qui lui demande de ne plus penser à toutes ces « imaginations ». Il finit cependant par parler du projet de médaille à Mgr de Quélen, archevêque de Paris, qui accepte. Sa formation terminée, Catherine va quitter la rue du Bac. Le 5 février 1831, elle arrive à l’hospice d’Enghien, à Reuilly, un quartier pauvre de Paris. Celle qui a vu la Sainte Vierge va pendant quarante-six ans servir Jésus-Christ dans la plus grande discrétion à travers les pauvres : vieillards de l’hospice, miséreux du quartier, blessés des révolutions et de la guerre. En février 1832, éclate à Paris une terrible épidémie de choléra, qui va faire plus de 20 000 morts ! Les Filles de la Charité commencent à distribuer, en juin, les 2 000 premières médailles frappées à la demande du Père Aladel. De manière stupéfiante, les protections et les conversions se multiplient, comme les guérisons… C’est un raz-de-marée ! Le peuple de Paris appelle la médaille « miraculeuse ». Accompagnée d’une notice explicative écrite en août 1834 par le Père Aladel, elle se répand aux Etats-Unis (1836) en Pologne (1837), en Chine, en Russie (1838). Dix ans après les apparitions, elle est diffusée à plus de dix millions d’exemplaires. À la mort de sœur Catherine, en 1876, on compte plus d’un milliard de médailles !

Le bon choix. La médaille est un appel à la conscience de chacun, pour qu’il choisisse, comme le Christ et Marie, la voie de l’amour jusqu’au don total de soi. Porter une médaille n’est donc pas de la superstition ni de la magie ; c’est un rappel de la foi qui nous stimule à montrer notre reconnaissance pour ce don gratuit de Dieu par une conduite digne de ce que nous sommes : des enfants de Dieu ! Dieu seul fait les miracles mais il les fait, quelquefois, au moyen d’objets de piété bien matériels, par l’intercession de Marie et des saints. Le message de la médaille est un appel à la confiance en l’intercession de la Sainte Vierge. Acceptons humblement de demander des grâces par ses mains ! En 1894, le pape Léon XIII a reconnu les apparitions de la Vierge Marie à sainte Catherine Labouré. Depuis lors, le 27 novembre est célébrée la fête liturgique de Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse. Le 26 juillet 1897, la statue de la Vierge aux rayons, représentant la vision de Catherine, réalisée en 1856 dans un bloc de marbre offert par le gouvernement, trônant au-dessus du maître-autel de la chapelle, est couronnée avec l’autorisation de Léon XIII.

Les témoins. Parmi ceux qui, les premiers, éprouvèrent l’efficacité de la foi à travers la médaille donnée par la Vierge Marie, on peut citer Mgr de Quélen, archevêque de Paris, qui, après une minutieuse enquête sur les faits affirmés, en devient un propagateur convaincu. Il obtient personnellement des guérisons inespérées. Le Pape Grégoire XVI a la médaille à la tête de son lit. En 1833, le P. Perboyre, lazariste, relate la guérison miraculeuse, attribuée à la médaille, d’un confrère. Une fois arrivé en Chine, où il mourra martyr en 1839, il distribue beaucoup de médailles et rapporte de nombreux miracles dans ses lettres. En 1833, Frédéric Ozanam, apôtre du catholicisme social, porte la médaille lorsqu’il fonde à Paris les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul. Le plus enthousiaste encore fut peut-être le Curé d’Ars. Dès 1834, il fait l’acquisition d’une statue de Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse et la place sur un tabernacle dont la porte reproduit le revers de la médaille. Le 1er mai 1836, il consacre sa paroisse à « Marie conçue sans péché ». Il devient un apôtre zélé de la Médaille, et distribue avec elle des centaines d’images sur lesquelles il marque de sa main la date et le nom de ceux qui se consacrent à l’Immaculée. En 1842, Alphonse Ratisbonne se convertit à Rome après avoir reçu une médaille et vu la Sainte Vierge dans une église.  En 1843, M. Etienne, Supérieur des Lazaristes et des Filles de la Charité, évoque les apparitions comme source du renouveau des vocations et de la ferveur nouvelle qui anime les deux familles. En 1845, John Newman, un pasteur anglican qui portait la médaille depuis le 22 août, se convertit le 9 octobre. Il devient prêtre et cardinal. Le succès de la médaille, où il est écrit que Marie a été « conçue sans péché », a contribué à la reconnaissance officielle du dogme de l’Immaculée Conception, longtemps discuté au sein de l’Église avant d’être proclamé le 8 décembre 1854 par le pape Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus.

Les apôtres de la médaille. Sainte Bernadette, à Lourdes, portait la médaille avant même les apparitions de la Vierge en 1858. La jeune fille précise un peu plus tard : « J’ai vu la Sainte Vierge comme elle est sur la Médaille Miraculeuse »Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus portait elle aussi la Médaille Miraculeuse au Carmel. En 1915, naît aux États-Unis, à Philadelphie, à l’initiative du Père Joseph Skelly, l’Apostolat marial avec la Neuvaine perpétuelle de la Médaille Miraculeuse. Une nouvelle impulsion est donnée à la diffusion de la Médaille Miraculeuse grâce au Père Maximilien-Marie Kolbe. Ce religieux franciscain, né en Pologne, est ordonné prêtre à Rome en 1919. Il veut célébrer sa première messe à San Andrea delle Fratte où l’Immaculée a converti Ratisbonne. En 1917, il fonde la Milice de l’Immaculée, placée sous le patronage de la Vierge de la Médaille Miraculeuse, développe un journal marial, Le Chevalier de l’Immaculée, qui connaît un succès foudroyant. En partance pour le Japon en 1930, il traverse la France et se rend rue du Bac (100 ans après les apparitions), à Lourdes et à Lisieux. Il distribue généreusement des médailles : « Ce sont mes munitions », dit-il. Fait prisonnier au camp d’Auschwitz, il meurt martyr le 14 août 1941 en donnant sa vie en échange de celle d’un père de famille.
Aujourd’hui, deux millions de pèlerins passent à la rue du Bac chaque année, ce qui en fait un des dix lieux les plus visités de la capitale. La multitude anonyme des apôtres de la Médaille Miraculeuse, un des objets de piété les plus connus et les plus diffusés, est répandue à travers le monde.

Le message de Lourdes


Je suis l’immaculée Conception
 

C’est par ces mots que le 25 mars 1858, jour de la 16ème apparition, Marie révéla enfin son nom à Bernadette qui le lui avait demandé à plusieurs reprises. En révélant ce nom, Marie confirme ainsi le dogme qui avait été proclamé par le pape Pie IX quatre ans auparavant. Mais ce nom est bien plus qu’un patronyme, c’est le sommet des 18 apparitions dont Bernadette a été gratifiées entre le 11 février et le 16 juillet 1858 et une mission. Marie, l’Immaculée, est une femme toute disponible à l’action de Dieu en elle. Conçue sans péché, elle ne manifeste aucun obstacle à la puissance transformatrice de l’Amour. Elle est ainsi notre mère mais aussi notre sœur sur ce chemin d’humanité au goût parfois âpre, notre modèle dans l’écoute de la Parole faite chair. Sa mission est de transmettre au monde, sans obstacle, l’amour de Dieu pour chacun. Cette mission, nous la recevons aussi -avec la grâce du baptême Dieu nous offre le salut, objet de sa promesse. Et Dieu tient ses promesses. C’est en Eglise que nous avons à vivre cela.

Lourdes est avant tout le lieu d’une rencontre. Le message de Lourdes, c’est celui de la rencontre et de la fraternité. Au début, il y a la rencontre de Massabielle, mais aujourd’hui ces rencontres continuent. Car Lourdes, ce n’est pas simplement Marie, c’est Marie et Bernadette, rencontre de deux femmes. Aujourd’hui c’est la rencontre entre les malades et les hospitaliers, la rencontre entre les générations, la rencontre entre les clercs et les laïcs, la rencontre entre les nations et les cultures pour que Babel se transforme toujours davantage en esprit de Pentecôte ; c’est encore la rencontre entre les acteurs du sanctuaire et ceux de l’Hospitalité qui ne forment pas deux mondes à part ; c’est encore la rencontre entre le monde de la grotte et le monde extérieur.

Cette rencontre se teinte ici d’une dimension importante : la compassion. C’est un des plus beaux sentiments que l’homme puisse éprouver. Cette compassion est la marque de Dieu. Dans le livre de l’Exode, Dieu dit à Moïse « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte ; j’ai entendu ses cris (…). Oui, je connais ses souffrances. » (Ex3,7). Ici la compassion de Dieu se manifeste par l’attention portée aux plus petits et aux plus faibles. Lourdes se vit à hauteur de fauteuil et de brancard.

Cette rencontre est marquée par l’international. Cette dimension est intrinsèque au sanctuaire mais cela veut dire qu’il ne s’agit pas seulement d’une affaire de langues. Il est relativement simple de penser en français et de traduire en d’autres langues mais Marie parlait en bigourdan à Bernadette, c’est à dire que chacun doit ici pouvoir entendre Marie et son message dans sa propre culture. Il s’agit non de traduction mais d’inculturation. Qu’est-ce que veut dire Lourdes pour un tamoul ou un coréen, pour un italien ou un congolais ? C’est un défi que nous avons chaque jour à affronter. La présence de chapelains de différentes nationalités et de communautés religieuses venant de plusieurs continents est un signe de cette universalité. La diversification d’origine des pèlerinages est également une marque de l’universalisme du message de Lourdes.

Je le crois très profondément, le message de Lourdes est prophétique pour aujourd’hui. Parler ainsi, c’est dire que ce message nous dit quelque chose de Dieu et que Dieu parle par lui. Lourdes n’est rien d’autre que l’Evangile vécu. Il est prophétique pour l’Eglise mais aussi pour la société. Il faudrait se garder de considérer que Lourdes n’est que pour les catholiques dûment estampillés comme tels. Marie et Bernadette ont quelque chose à dire au monde d’aujourd’hui.

Dans une société marquée par l’individualisme, Lourdes veut répondre par la fraternité.
Dans une société marquée par la réussite matérielle, Lourdes veut répondre par le prix et la valeur de la pauvreté. Ici, les pauvres et les malades ont la première place
Dans une société marquée par le culte du corps, Lourdes veut répondre par la dignité de toute vie.
Dans une société marquée par la défiance, Lourdes veut répondre par la confiance.
Dans une société marquée par l’isolement et la solitude, Lourdes veut répondre par le rassemblement et la joie simple. La Dame a demandé de venir ici en procession. Cela évoque une Eglise en mouvement, une Eglise pèlerine et notre propre pèlerinage sur cette terre. Le chrétien est celui qui ne pourra jamais s’arrêter de marcher pensant soit qu’il a touché le but, soit qu’il n’y arrivera jamais. Et les premiers pèlerinages ont été les premières processions. Lourdes a ce charisme de rassembler les foules en Eglise pour les processions eucharistiques (dès 1888) et les processions mariales (dès 1872) ainsi que pour les messes internationales.

Dans une société marquée par le rationnel, Lourdes veut répondre en acceptant l’inexplicable. 70 fois depuis 1858 ont été déclarées miraculeuses des guérisons inexplicables en l’état actuel des connaissances médicales.

Ce message est en fait une réponse à trois grandes crises qui traversent nos sociétés occidentales : la crise du sens ; la crise de la transmission et la crise de la confiance. 

 La crise du sens est évidente. Beaucoup, trop peut-être de nos concitoyens ne savent plus très bien quel sens a la vie et semblent déconcertés par les progrès de la technique si rapides et de l’idéologie du progrès qui parfois remet en cause jusqu’aux fondements mêmes d’une anthropologie jusqu’alors presque communément acceptée. A cette crise du sens, Lourdes a des réponses. Celle de la rencontre d’abord, mais il faut aller plus loin. En proposant que les plus petits, les plus faibles, ceux que l’on ne regarde habituellement pas parce qu’ils n’incarnent pas les standards d’une humanité réussie, en proposant que les malades, les personnes handicapées et les fracassés de la vie soient à la première place, Lourdes envoie un message unique qui renverse les valeurs de nos sociétés. Et tous ceux qui font cette expérience souhaitent qu’elle soit l’ordinaire d‘une vie. Quelle chance pour nous et quelle responsabilité également !

Crise du sens et crise de la transmission aussi. La mémoire s’évanouit et ce qui paraissait si évident pour des générations passées devient un phénomène étrange pour les plus jeunes. Je ne dis pas ça pour vanter une époque particulière. De même que je suis persuadé qu’il n’y a jamais eu d’âge d’or du christianisme, de même je pense que chaque époque a des défis sociaux à relever. Et là encore, je pense que Lourdes a des atouts considérables. Dès les premières apparitions, par un phénomène étonnant qui tint sans doute au départ à la surprise, mais aussi à l’attrait exercé par ce qui se vivait à la grotte de Massabielle, au rayonnement de Bernadette, des foules accoururent pour être témoins. Elles ne voyaient rien si ce n’est Bernadette ; elles n’entendaient pas ce que Marie et elle se disaient, mais elles étaient là et elles en parlaient. Bernadette est un formidable exemple de transmission avec son caractère fait de finesse et de ténacité : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, mais de vous le dire ». Et depuis ces années, le message de Lourdes se transmet, de génération en génération, de contrées en pays, de pays en continents. A quoi cela est-il dû ? Sans doute au contenu même du message, car il manquerait au monde s’il n’existait pas, mais aussi à la force et aux efforts considérables de tous ceux qui depuis l’abbé Peyramale et Mgr LAURENCE jusqu’aux acteurs d’aujourd’hui en passant par tous ceux qui ont eu à cœur de prendre en charge l’Hospitalité ND de Lourdes, à tous les acteurs de la vie publique également qui se sont mis au service de cette cause. Le message de Lourdes est plus vivant et actuel aujourd’hui que jamais.

 Enfin, je crois que Lourdes a une réponse particulière à la crise de la confiance qui gangrène notre société. Confiance envers les pouvoirs publics et les autorités politiques, confiance envers les institutions dont l’Eglise avec parfois de biens justes motifs, confiance entre les citoyens, confiance entre les peuples. Lourdes est une école de confiance, car elle est d’abord le lieu de la bienveillance. Lourdes est le lieu de la confiance qui s’apprend, s’enracine et se développe. Confiance des malades envers la Vierge Marie, confiance des pèlerins entre eux soudée par une même aspiration. Cette confiance s’apprend, s’ancre et se développe dans la contemplation du dialogue entre Marie et Bernadette mais aussi dans la personnalité de celle-ci, frêle mais pleine d’une vigueur intérieure. Elle est libre et nous appelle à la liberté.

On ne sort pas indemne d’une visite à Lourdes parce que le sourire que Marie adressait à Bernadette touche le cœur de tous ceux qui osent s’asseoir devant cette grotte et faire la vérité dans leur cœur. Alors, ils pourront découvrir que Marie guérit et protège parce qu’elle est toute entière tournée vers son Seigneur. Elle est l’Immaculée Conception.

Mgr Olivier RIBADEAU DUMAS
Recteur du Sanctuaire Notre Dame de Lourdes

 

 

 

Le message de Pontmain
  • Quand tout va mal
    Pontmain, le 17 janvier 1871. Il fait nuit. Il fait froid. L’hiver est glacial cette année-là ; le 11 janvier, on a même vu une aurore boréale. Et puis la France est en guerre. Paris est assiégée. Le 12 janvier, les Prussiens, vainqueurs, sont entrés dans la ville du Mans. Ils sont maintenant aux portes de Laval. Rien ne semble pouvoir arrêter leur progression vers l’Ouest. A Pontmain, c’est l’angoisse : on est sans nouvelles des 38 jeunes partis à la guerre. Les adultes sont découragés « on a beau prier, le Bon Dieu ne nous écoute pas ».
    Ce soir-là, dans la grange, Eugène Barbedette, 12 ans, et son frère Joseph, 10 ans, aident leur père à piler les ajoncs, il faut bien continuer à vivre. Un peu avant 6 heures du soir, Eugène sort pour « voir le temps ».
  • Une belle dame souriante apparaît
    C’est alors qu’il aperçoit, en face de la grange, au-dessus et en arrière de la maison d’Augustin Guidecoq, une belle Dame à la robe bleue constellée d’étoiles qui le regarde en souriant et en lui tendant les mains. Elle porte une couronne d’or sur la tête, avec un liseré rouge au milieu de la couronne. Joseph sort à son tour et lui aussi voit la belle Dame. Les parents Barbedette ne voient rien mais ils comprennent qu’il se passe quelque chose, on prévient les religieuses, deux sœurs de Rillé, qui vont chercher d’autres enfants dont deux petites pensionnaires de l’école, Jeanne-Marie Lebossé (10 ans) et Françoise Richer (11 ans) qui voient elles aussi la Belle Dame.
    Peu à peu les villageois se rassemblent à la grange, et lorsque le curé de Pontmain, l’abbé Michel Guérin arrive les enfants expliquent qu’un ovale bleu avec quatre bougies éteintes vient entourer la belle Dame qui sourit toujours.
  • Marie écrit dans le ciel
    L’abbé Michel Guérin ne voit pas la Belle Dame, mais il organise la veillée de prière devant la grange. Et dès que l’on commence à réciter le chapelet, l’apparition double de taille et devient encore plus lumineuse. Tandis qu’on chante le Magnificat, une banderole se déroule entre le toit de la maison et l’ovale. Lettre après lettre, un message s’inscrit sur la banderole, aussitôt épelé par les enfants, tandis que la foule continue à chanter des hymnes à la Vierge Marie. La ferveur est à son comble quand on peut déchiffrer le message en entier :

MAIS PRIEZ MES ENFANTS DIEU VOUS EXAUCERA EN PEU DE TEMPS

MON FILS SE LAISSE TOUCHER

« Oh ! Qu’elle est belle ! » répètent les enfants tandis que le village rassemblé chante le cantique Mère de l’Espérance. Les adultes sont dans la joie, car maintenant ils en sont sûrs bientôt ce sera la paix, leur prière sera exaucée en peu de temps.

  • Marie montre Jésus sur la croix
    La veillée de prière se poursuit par un chant de demande de pardon, et soudain le visage de celle qu’on sait maintenant être la Sainte Vierge devient tout triste. Une grande croix rouge apparaît devant elle, avec dessus un Christ d’un rouge plus sombre. Au sommet de la croix, sur une traverse blanche, sont inscrits les mots : JESUS-CHRIST. Marie saisit la croix à deux mains et la présente aux enfants. Puis une étoile vient allumer les quatre bougies de l’ovale. Tandis que l’on chante l’Ave Maris Stella, le crucifix rouge disparaît. Marie reprend son attitude du début, les mains tendues dans un geste d’accueil.
  • C’est tout fini
    Une petite croix blanche apparaît sur chacune des épaules de la Vierge. Tout le monde s’agenouille dans la neige pour réciter la prière du soir. Alors un grand voile blanc monte peu à peu et cache entièrement l’Apparition. «C’est tout fini» disent les enfants à Monsieur le Curé qui continue de les interroger. L’apparition aura duré trois heures. Chacun rentre chez soi, le cœur en paix. Bientôt les Prussiens lèvent le siège de Laval sans y être entrés. Le 28 janvier, l’armistice est signé et en mai, les 38 jeunes gens mobilisés rentrent sains et saufs.
  • Mais tout commence
    Très rapidement, les pèlerins affluent. Les grâces de conversion et les miracles sont nombreux. Après une enquête canonique, l’évêque de Laval, Mgr Wicart déclare, le 2 février 1872 : « Nous jugeons que l’Immaculée Vierge Marie Mère de Dieu, a véritablement apparu le 17 janvier 1871 à Eugène et Joseph Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé dans le hameau de Pontmain ».

 

Prière à Notre Dame de Pontmain

Mère de l’Espérance et Reine de la Paix

Très douce Vierge Marie,

Tu as, dans ton apparition à Pontmain,

rappelé l’importance de la prière,
fortifié en nos cœurs l’Espérance
et apporté la Paix.

Daigne accueillir favorablement aujourd’hui,
la prière ardente que nous t’adressons
pour que s’établisse dans nos cœurs, nos familles,
notre Nation et toutes les Nations,
la PAIX, fruit de la Justice, de la Vérité, de la Charité.

Augmente en nos âmes le désir de vivre pleinement notre Foi,
sans aucune compromission,
dans toutes les circonstances de notre vie.

Aide-nous à toujours comprendre les autres,
et à les aimer profondément en Dieu.

Amen.

Marie et la France

Au moment d’entreprendre ce grand pèlerinage à travers la France, avec Marie qui a dessiné sur ce pays qui lui est consacré, un grand M par les  grandes apparitions du XIX° siècle : La Rue du Bac, La Salette, Lourdes, Pontmain et Pellevoisin[1], il faut se demander pourquoi il faudrait prier Marie et pourquoi prier pour la France.

Pourquoi prier Marie ? Le vœu de Louis XIII que nous allons étudier ici nous donne la réponse : « Voulant nous consacrer à la grandeur de Dieu par son Fils rabaissé jusqu’à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu’à Lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir, par ce moyen, celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces[2]. » 

Mais pourquoi prier pour la France ? Là encore, Louis XIII nous éclaire : « Nous déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. » Dès lors, selon les indications du Roi, ne faut-il pas supplier notre Patronne principale céleste[3] de protéger notre nation en ces heures difficiles ?

Si l’on parcourt rapidement l’histoire des apparitions mariales en France, on constate qu’il y en  a eu plus de 12 reconnues[4]  en 15 siècles, sans compter tous les lieux qui se réclament officieusement[5]de la Vierge[6]. Parmi ceux-ci citons les plus célèbres : le Puy en Velay en 430 ;  Cotignac en 1519 ; le Laus entre 1664 et 1718 ; la Rue du Bac en 1830 ; la Salette en 1846 ; Lourdes en 1858 ; Pontmain en 1871 ; Pellevoisin en 1876 et L’Ile Bouchard en 1947.

Il semblerait que  la Vierge aime particulièrement la France. Le dicton ne dit-il pas: « Regnum Galliae, Regnum Mariae » : « Le Royaume de France est le Royaume de Marie » ? En réalité, il faut dire que le Royaume de France est le Royaume de Marie, surtout depuis que, le 15 août 1638, à Abbeville, Louis XIII consacrait la France à la « Majesté divine » et, à cet effet, remettait entre les mains de Marie, non seulement « son sceptre et sa couronne », symboles de son pouvoir, mais « sa personne, son Etat et ses sujets.» [7]

Le 15 août 1638, Louis XIII est dans le Nord, mobilisé par la guerre avec la toute-puissante Espagne. Cette guerre, Il l’avait déclarée la mort dans l’âme, le 19 mai 1635, car le Roi d’Espagne, son beau-frère, ainsi que le Cardinal Infant qui commandait les armées adverses, menaçaient d’envahir la France.

Il faut dire que Louis XIII, qui devient roi à 9 ans après l’assassinat de son père par Ravaillac ,  est un roi à la fois faible et fort.  Il souffre d’être humilié, dans une Cour superficielle et corrompue, mal guidé par une Régente peu avisée (Marie de Médicis). Sa mère ne l’aime guère et le tient à l’écart. Le pays est miné par les divisions violentes issues de la Réforme. Et puis, la pression de l’Espagne semble promettre à la France pire que la guerre de Cent ans. Le jeune Louis XIII eût alors à prouver son existence avec acuité et ténacité. Il comprit qu’il lui fallait l’aide d’un homme fort : le Cardinal de Richelieu. Il l’utilisait avec admiration et estime mais non sans souffrance. Cette situation humiliée, dans laquelle il sut préserver son autonomie, il l’assuma dans une authentique humilité, soucieux d’assumer son malheur sans le projeter sur les autres. Cette lucidité, ce courage fut entretenu chez lui par un regard lucide sur Dieu, son Créateur dont il se savait être le faible serviteur et sur Marie, sa Mère du Ciel, où il trouvait quoiqu’à distance dans la foi, ce qu’il n’avait pas trouvé chez sa propre mère, ni tellement chez l’ancienne épouse de son père, qu’on lui faisait appeler « maman »  terme qu’il avait spontanément rectifié en disant à cette Marguerite de Valois : Maman, ma fille. Pour lui, seule Marie était « Maman, ma Mère [8]». Non pas une compensation, mais une référence convaincante, dont il perçut les signes sans équivoque dès l’enfance, dit-il, et au long des impasses de sa vie difficile. Son humilité percevait lucidement la nécessité de trouver chez la Vierge [les secours nécessaires)[9]. Les devoirs qu’il lui rend tous les jours, la peine qu’il prend à avancer son honneur, en peuvent parler plus pertinemment que les autres. Ce ne sera pas chose nouvelle de dire qu’il fait un singulier état de tout ce qui Lui appartient, que tous les samedis lui sont autant de jours de fête, et que ses principales solennités sont les jours de la joie de son cœur[10]. Le grand vœu qu’il rédigea d’octobre à décembre 1637, l’ambassadeur Grotius, à l’affût de toutes les rumeurs, assure qu’il était déjà formé (au sens d’achever) au début de l’année 1638. Il faut dire que le roi avait déjà formé ce vœu secrètement après la reprise de Corbie le 10 novembre  1636. En fait, le Roi avait aussi formé antérieurement un vœu en 1632 à Toulouse où il suppliait « la Divine Bonté de lui donner un héritier ». Le Roi en effet avait le souci d’assurer sa descendance, compromise depuis 22 ans par 4 fausses couches de la Reine et par la séparation de corps motivée par les correspondances clandestines de cette dernière avec l’ennemi[11] . Il faut dire aussi que l’absence d’héritier aiguisait les appétits du puissant voisin. Sur les instances de Louise de la Fayette, sa confidente, spirituelle[12] et désintéressée, il se réconcilie avec la Reine et prononce en août 1637 la rétractation qui permettra plus tard leur ‘rencontre’ à l’occasion du ‘fameux orage’ et la naissance de Louis XIV, conçu autour du 30 novembre 1637.

Notons que dans ce projet d’avoir un héritier, le Roi a été puissamment aidé par la prière de deux âmes privilégiées : le fr. Fiacre et Marguerite du Saint Sacrement. Le fr. Fiacre, du couvent des Augustins déchaussés à Paris, reçoit une urgente mission de prière, le 3 Novembre 1637 pour que le mariage du Roi, stérile depuis plus de 20 ans, fasse naître un héritier : « J’ai toujours cru que Dieu voulait donner un dauphin, et qu’il serait même nécessaire d’avertir leurs Majestés … que Dieu voulait pour ce sujet que je fisse 3 neuvaines à l’honneur de la Sainte Vierge : la première à l’honneur de Notre Dame de Grâces, en Provence, la seconde à l’Eglise Notre Dame de Paris ; la 3° à l’église Notre Dame des Victoires de notre couvent de Paris. Il connaît alors 3 apparitions de la Vierge Marie tenant un enfant (l’enfant que Dieu veut donner à la France) puis une 4° apparition où il voit le tableau se trouvant à Cotignac et qu’il ne connaît pas. La 3° neuvaine s’achève le 5 décembre 1637, neuf mois avant la naissance de Louis XIV (5 septembre 1638). Le 7 février 1638, ordre est donné au fr. Fiacre de partir en pèlerinage avec son supérieur le P. Jean Chrysostome à Notre Dame de Grâce de Cotignac. Trois jours plus tard, le Roi publie son fameux vœu. De son côté, Marguerite du Saint Sacrement, carmélite de Beaune, se sent chargée d’une mission analogue à celle du fr. Fiacre. Le 16 février 1632, le Seigneur lui fit voir l’amour qu’il portait au Roi … Il voulait qu’elle priât pour obtenir un dauphin [ … ] Elle l’obtiendrait par la dévotion à la Sainte Enfance [de Jésus] . Le 25 décembre 1635, sœur Marguerite renouvelle plus intensément sa demande à l’Enfant Jésus qui lui répond : « Je t’accorde le dauphin que tu me demandes ». Le 5 septembre 1638, naissance du dauphin, Sœur Marguerite couronne la statue du Saint Enfant Jésus : « Ô Saint Enfant, vos promesses sont maintenant accomplies ! Faites que ce prince que vous avez donné soit soumis à votre divine puissance, qu’il n’ait point de couronne ni de grandeur qu’il ne reconnaisse tenir de vous et dépendre de la vôtre, et que, durant son règne, il établisse partout l’autorité de votre empire[13]. »

Mais revenons au vœu lui-même. Là encore, il fut porté par la prière de deux âmes privilégiées: Louise de la Fayette et sœur Anne Marie de Jésus Crucifié. Louise de la Fayette dont nous avons parlé plus haut sut entraîner Louis XIII, au-delà d’illusions ambigües et troubles, vers ce pur élan et don de lui-même que traduit bien son vœu, tant dans la rédaction personnelle, où il exprime le fond de son cœur que dans l’élaboration définitive qu’il confia à d’exemplaires théologiens pour mettre le vœu à la hauteur de Dieu et de l’enjeu. Sœur Anne-Marie de Jésus Crucifié, de son côté, est une ‘fille du Calvaire’, congrégation fondée par le père Joseph ‘éminence grise de Richelieu’. Elle fut stigmatisée le Vendredi Saint 1630, au cours d’une extase, devant sa communauté. Le père Joseph la fait venir à Paris pour l’examiner et bénéficier de ses lumières. Le 10 juillet 1636 (à l’heure où La Capelle[14] vient de se rendre à l’armée ennemie) sur le conseil de sœur Anne-Marie, le père Joseph suggère au Roi d’écrire à tous les évêques du Royaume d’instituer dans leurs diocèses l’exercice des 40 heures, avec prédication, pour exhorter le peuple à la prière et au courage dans les calamités. La sœur voit les « profanations des Saints Lieux, violements et pillages qui se commettaient vers La Capelle. Puis cette forme de Vierge poursuivit à dire vocalement « faites savoir à Sieur Nicolo (Richelieu) qu’il fasse avancer les troupes vers les ennemis, et que j’aiderai puissamment à les chasser de la France. Cette forme du Fils de Dieu dit à cette personne : « Regarde comme je veux mettre ton Roi en la possession de trois choses : … l’une est  le bonheur de ses armes contre ses ennemis. L’autre est la grâce que je lui ferai d’établir une bonne paix en laquelle foi et vertu reluiront ; la troisième est qu’après la paix, il me fera honorer dans les pays étrangers par le pouvoir et l’autorité que je lui donnerai… Je veux qu’il fasse honorer ma Mère en son Royaume en la manière que je lui ferai connaître. Je rendrai son royaume par l’intercession de ma Mère, la plus heureuse patrie qui soit sous le ciel. Pour cela, il faut que lui et les siens et ceux qui lui seront plus fidèles et qui l’aideront en l’exécution de mes volontés, se disposent à la réception de mes grâces avec foi et dévotion, tournant vers moi leur pensée … Cependant, la situation se dégrade. Le 16 août, Corbie est prise. L’armée française en retraite réussit à grand peine à repasser la Somme vers Paris. Dans la capitale, c’est la panique. La sœur est très malade. Le père Joseph écrit alors : «  Demandez à la Vierge de prolonger votre vie jusqu’à l’accomplissement des choses susdites ». « Corbie sera reprise » fait répondre sœur Anne-Marie. C’est sur cet encouragement que le roi et son ministre se ressaisissent. Finalement Corbie est reprise le 10 novembre et l’armistice signée le 11 novembre 1636. La ferveur du Roi et du Ministre enchantent alors le père Joseph qui écrit à sœur Anne Marie : « Vous serez bien aise de savoir que les promesses de la Sainte Vierge commencent à s’accomplir, en redonnant nouvelle force et constance dans la lumière : vous la remercierez et la supplierez de continuer son secours. » … Nous sommes aux racines de la future consécration : non point une formule mais un engagement des profondeurs. C’est sur les engagements de sœur Anne-Marie que le Roi fait, en privé, le vœu dont Grotius dit avoir été informé dès le début de 1637, avec grande confiance que les négociations de paix touchent au but. La rédaction du vœu (octobre-décembre) est alors menée à terme. 

Le vœu[15]. Dieu […] a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté que d’accidents qui nous menaçaient. […] Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix[16], où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de ” nous consacrer à la grandeur de Dieu ” par son Fils rabaissé jusqu’à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu’à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

 A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons[17] particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre[18].

Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente Déclaration à la Grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris[19]

Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les cours de parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d’autant qu’il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d’admonester  tous nos peuples d’avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir.

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième.     Louis.

Tout ce que nous venons de résumer ici explique, en partie, pourquoi et comment il nous faut prier pour la France. Un article de fr. Baptiste de l’Assomption[20] nous éclaire[21] à ce propos : «  La Trinité a un dessein providentiel sur les personnes et aussi sur les communautés et les nations[22]. A partir du moment où une nation fait alliance avec Dieu, elle entre dans un dessein providentiel qui doit la conduire jusqu’à la Jérusalem céleste (Ap 21, 24). C’est dans le Ciel seulement qu’une nation parvient à sa perfection. Dans le plan de la Providence, Dieu a voulu donner ses grâces dans la mesure où nous les lui demandons : prier pour sa patrie revient donc à collaborer avec Dieu, les anges  – notamment l’ange gardien de notre pays – et les saints, pour qu’elle parvienne à la plénitude de sa vocation. Si on omet trop longtemps de prier pour sa patrie – comme il semble en France-  sa croissance spirituelle sera retardée. On risque alors, si l’on est ‘patriote malgré tout’, de la défendre par des moyens trop humains, et de tomber dans un nationalisme païen, voire démoniaque. Il est par ailleurs évident que la prière pour sa patrie, en régime chrétien, débouche normalement sur une prière plus large qui englobe toutes les nations. Lorsqu’on prie pour son peuple, on prie également avec et pour des gens que l’on côtoie au quotidien dans la presse ou les médias : la charité à l’égard du prochain s’affine, y compris à l’égard de ceux qui nous haïssent. Il faut aussi remarquer qu’il est difficile de décrire avec précision le plan de Dieu pour chaque nation. La vision béatifique seule nous le fera connaître … Cependant, il est amusant de constater que le Bon Dieu semble se plaire à contrebalancer par sa grâce la tendance naturelle et marquée par le péché, des peuples. Pour la France, nous avons une sorte de tendance naturelle à l’universalisme abstrait, et cela depuis longtemps. Mais chez les saints de France, cette tendance a été tempérée et corrigée par l’amour de la « terre charnelle », comme disait Péguy. Il faut noter aussi que les saints français, comme Ste Bernadette ou le Curé d’Ars, portent en eux une note d’humilité qui, là encore, semble rééquilibrer cette réputation d’arrogance qui est la nôtre à l’étranger. C’est à se demander si les épreuves que la France traverse ne sont pas une occasion permise par la Providence pour abaisser notre orgueil natif … D’ailleurs, si le Bon Dieu aime la France, ce n’est pas en raison des mérites des Français, mais en raison de son amour miséricordieux qui se penche avec prédilection sur leurs misères. Plutôt que de développer une théorie trop précise sur la mission de la France, il semble plus fécond de présenter à Jésus les grands péchés des Français, les nôtres, afin qu’ils soient transformées par la grâce et deviennent engrais de vie nouvelle. Il faut que la France redevienne un jardin de Marie, comme le disaient les auteurs médiévaux. Mais elle ne pourra le redevenir tant que les chrétiens en France, n’accepteront pas de vivre l’Evangile dans ce qu’il  a de plus profond.

En conclusion, en ces temps difficiles, il faut revenir aux promesses de notre baptême[23], afin de retrouver la ferveur d’antan et pour cela beaucoup prier pour notre pays. Certes, nous avons mis Dieu de côté mais comme Marie l’aurait confié à Sœur Marie-France Lanchon à Notre Dame des Armées à Versailles en 1914 dans une prière à propos de la France: « Mon Fils, pardonnez-lui, elle vous aime toujours puisqu’elle na jamais cessé de m’aimer. »

Il faut souligner pour terminer, le signe que Dieu nous a donné pour notre temps. Le soir de l’incendie de Notre Dame, le 15 avril 2019, il ne reste plus dans la nef que le maître-autel avec la pieta et les statues des deux rois. Ceci ne rappelle-t-il pas providentiellement la consécration de la France à la Vierge du 15 août 1638. Je veux souligner aussi un témoignage reçu de Lituanie : le pays, et sûrement d’autres, par le biais de la télévision, a été le témoin émerveillé de la prière des jeunes récitant le chapelet au pied de la fontaine Saint Michel pendant l’incendie. Rien n’est perdu. Continuons d’espérer ! Tout commence !! Merci Marie !

 

[1] Rappelons que Pellevoisin (terme de notre pèlerinage du M de Marie le 15 août prochain) a été le lieu de 15 apparitions de la Vierge en 1876. Elle a notamment déclaré à la 11° apparition: «  Et la France ! Que n’ai-je pas fit pour elle ! Que d’avertissements et pourtant encore elle refuse d’entendre !  […].La France souffrira […] Courage et confiance. » Marie qui s’est révélée comme ‘Toute Miséricordieuse’ à la 3° apparition a donné aussi à Estelle le scapulaire du Sacré-Cœur (9° apparition) pour qu’il soit diffusé partout. Elle promet à ceux qui le porteront des grâces de ‘piété, salut, confiance, conversion, santé’. Cf. Site sanctuaire Pellevoisin : www.pellevoisin.net

[2] Vœu de Louis XIII. Cf. site : notrehistoireavecmarie.com   dans Complément

[3] Rappelons que Marie a été proclamée par le pape Pie XI en 1922  ‘Patronne principale de toute la France’. « …Nous déclarons et confirmons que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité… »

[4] Selon l’Abbé René Laurentin qui fait autorité en la matière : « Les apparitions ne sont pas des dogmes. Elles ne s’imposent pas. Elles se proposent à l’amour. A chacun de discerner si cet appel de Notre-Dame l’interpelle et devient pour lui-même comme pour beaucoup  – source de vie (cf. ‘Un appel de Marie en Argentine : des apparitions assumées par l’Eglise, un renouveau qui dépasse les limites de l’Amérique latine’) cité par Guy Barrey dans ‘Publie ma gloire’ éd. Via Romana. Avril 2019.

[5]: Normes procédurales pour le discernement des apparitions et révélations présumées. CONGREGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI. 25 FEVRIER 1978.  L’Eglise distingue a minima deux degrés dans l’échelle des reconnaissances : le premier degré consiste à autoriser l’exercice du culte et l’organisation de pèlerinage sur le lieu concerné (mention « pro nunc nihil obstare » ; le second degré qui intervient après une période probatoire, réside dans le prononcé solennel d’un jugement d’authenticité et de super naturalité (jugement dit « de veritate et supernaturalitate.

[6] Il y aurait près de 2 900 lieux actifs (où il y a au moins un pèlerinage ou une procession par an) de dévotion mariale en France, avec notamment « 140 sanctuaires répertoriés dans le Finistère, 119 dans les Côtes-d’Armor, 110 dans le département du Nord, 103 en Haute-Corse1 ». Plusieurs sanctuaires mariaux importants (LourdesNotre-Dame de La Salette) apparaissent suite à une série de mariophanies au xixe siècle qui voit un renouveau local du culte marial. Wikipedia : liste des sanctuaires mariaux en France

[7] Tous ces passages sont extraits du livre de l’Abbé René Laurentin : Le vœu de Louis XIII, passé ou avenir de la France O.E.I.L. Mai 1988

[8] René Laurentin. Vœu de Louis XIII op. cit. p. 20 ss

[9] Idem p. 88

[10] F. Poiré, La triple couronne de la Mère de Dieu, . III, 7, Paris, Solesmes 1858

[11] ses deux frères Philippe IV d’Espagne et le Cardinal Infant, chef de guerre

[12] Entrée en religion à la Visitation le 19 mai 1637.

[13] On sait malheureusement ce qu’il en fut : le règne de Louis XIV ne fut pas exemplaire sur tous les points !

[14] Petite ville du Nord de la France

[15] On trouve facilement le texte du vœu sur internet. Nous ne donnons ici que les passages les plus significatifs.

[16] Le Roi « se prosterne » devant Dieu Trinité en sa « Majesté divine », et devant deux créatures toutes relatives à Dieu : la Sainte Vierge et la Croix. Il n’adore que Dieu seul et vénère seulement Marie et la Croix[16]. Et il précise à quel titre : comme lieux de l’accomplissement des mystères fondamentaux du salut.

[17] Le mot « consécration » n’est plus pris dans le sens strict réservé à Dieu Créateur mais dans le sens moins radical d’un don et d’une offrande de soi qui peut être faite à une créature, avec une particulière confiance et de manière particulièrement profonde, à Marie Notre Mère.

[18] Les travaux commencent à la fin du règne de Louis XIV, sous la direction de Robert de Cotte. En 1723, la Pieta de marbre blanc sculptée par Nicolas Coustou prend place dans la cathédrale. Elle représente le Christ mort posé sur les genoux de sa mère, entouré de deux anges. Pour clore cet ensemble sculpté, les statues de Louis XIII et de Louis XIV se placent de chaque côté. Louis XIII, agenouillé, tend sa couronne royale en dévotion à la Vierge. L’autre marbre représente Louis XIV implorant la Vierge, la main droite posée sur la poitrine. 

[19] Louis XIII prescrit le renouvellement de ce vœu, qu’il va accomplir pour la première fois le 15 août 1638, chaque 15 août avec une large participation ecclésiastique et civile, tant dans la capitale que dans les diocèses de France, où se fera la même procession

[20] Carme à Fribourg en Suisse et rédacteur en chef de la revue Carmel

[21] Publié dans la Revue France Catholique du 3 janvier 2020.  Nous en citons quelques extraits.

[22] Dans l’évangile : « Allez, de toutes les nations faites des disciples : baptisez les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28, 19).

[23] Cf Saint Jean Paul II au Bourget le 1° juin 1980 : «  France, fille aînée de l’Eglise es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? « 

GENESE DU PROJET

Au sein de la confrérie Notre-Dame de France, nous sommes un groupe d’amis désireux de contribuer à faire connaitre et aimer Marie. Dans le droit fil du 4e rapport de la Conférence des Evêques de France d’octobre 2019, « Eglise en périphérie », sur la piété populaire et les sanctuaires, un pèlerinage sur le tracé du « M » de Marie en France nous est apparu un bon moyen pour entraîner de nombreux pèlerins dans la prière.

Si Marie a pris la peine au XIXe siècle de venir à cinq reprises visiter le sol de France, c’est certainement que les messages qu’Elle nous y a délivrés méritent l’attention. Faire un pèlerinage sur le tracé du M de Marie sera une occasion privilégiée pour prendre le temps de se pénétrer de ses messages, marcher joyeusement avec Marie et les pèlerins qu’Elle suscitera, prier pour la France, prier avec et pour les pèlerins, prier pour notre conversion, remercier Marie.

En tout, ce sont 107 jours de pèlerinage, sur plus de 2 000 km, par étapes d’une quinzaine de kilomètres, avec l’accueil de différents groupes, paroisses ou mouvements partenaires pour des veillées de prières.

LES 5 “M” DU PÈLERIN 

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Le petit mot de Mgr Rey

Vous vous êtes mis en marche pour le sanctuaire de Pellevoisin, partis de Lourdes ou de La Salette, afin de prier pour la France et pour toutes les intentions personnelles avec lesquelles vous êtes venus.

LES RESPONSABLES DE TRONCON

Le tracé du M de Marie est divisé en 30 tronçons de 7 jours : 15 tronçons par route.

Dans une logique de subsidiarité, chaque tronçon est à la charge d’un référent local, de la région traversée. Ce référent, aidé des autres bénévoles, veille à l’organisation et au bon déroulement de ses 7 jours (du mardi matin au lundi soir). Pour contacter les référents de tronçon, vous trouverez leurs coordonnées sur la carte du M de Marie.

Quelle est sa mission ?

– Tracer l’itinéraire : Connaissant son point de départ, et son arrivée, il est chargé d’établir le détail de l’itinéraire que suivra la calèche entre ces 2 points, et de définir les 6 étapes du soir (en ligne étroite avec les curés, communautés, équipes paroissiales et maires du village.)

– Assurer la logistique du tronçon : il assure le lieu où dormira le cheval chaque soir. Il assure l’accueil dans les paroisses pour les veillées. Il prévient la préfecture du passage du pèlerinage.

– Veiller à la dimension spirituelle : il garantit l’animation spirituelle des marches et haltes (chants, prières, chapelets, temps de partage, confessions, messes) et des veillées de chaque soir (témoignages, louanges, adoration, enseignements, consécration à Marie, concert, théâtre…).

– Veiller la dimension festive : il s’assure d’un accueil joyeux des pèlerins et des personnes venant à la rencontre du cheval. Il veille à une invitation constante des personnes rencontrées à suivre la statue de Marie et à participer aux veillées du soir.

LES RESPONSABLES D’ETAPE

Chaque soir, le cortège s’arrête dans une paroisse, une communauté, voire une famille, pour une veillée. En lien avec le référent, le groupe qui accueil nomme un responsable qui coordonnera les initiatives locales et notamment : l’accueil de la calèche sur la place du village, la logistique, l’animation de la veillée de prière etc.

C’est bien le groupe local qui accueille la vierge Marie, même s’il pourra compter sur l’appui du référent, des bénévoles du tronçon, des groupes de pèlerins qui seront présents et de l’équipe des Jeunes.