SOUTIEN MGR REY

MOT D’ENCOURAGEMENT

Chère Madame,
Cher Monsieur, 

J’ai bien reçu votre courrier du 15 décembre dernier et je vous en remercie.

Votre pèlerinage marial prévu du 1er mai au 15 août est une excellente initiative que je ne peux qu’encourager.

Même si l’itinéraire ne prévoit pas de fouler le sol du diocèse de Fréjus-Toulon, c’est avec plaisir que je m’adresse à vos futurs pèlerins par le mot d’encouragement ci-joint. Vous pouvez compter sur ma communion de prière avec vous durant ce cheminement vers Marie.

Dans notre diocèse également, une statue de la vierge Marie sera accueillie de paroisse en paroisse afin de rendre grâce pour le Jubilé de Cotignac (500 ans de l’apparition de Notre-Dame de grâces à Cotignac) qui vient de s’achever.

Vous souhaitant un pèlerinage plein de grâces et une sainte Année 2020, je vous assure, Madame, Monsieur, de mon entier dévouement dans le Christ et de mes fidèles prières à toutes vos intentions.

Mgr Dominique Rey – Evêque de Fréjus-Toulon

a l’intention des pèlerins

Chers Amis pèlerins,

Vous vous êtes mis en marche pour le sanctuaire de Pellevoisin, partis de Lourdes ou de La Salette, afin de prier pour la France et pour toutes les intentions personnelles avec lesquelles vous êtes venus.

Il s’agit d’un véritable pèlerinage marial dessinant l’initiale de Marie, en ce sens que vous n’allez pas vers Marie, mais que Marie chemine vers vous.

En sillonnant les grands sanctuaires marials de France, vous vous mettez aussi à l’écoute de la Vierge Marie. Puisqu’Elle est notre Mère, Elle nous enseigne et nous guide, et sa parole s’est faite entendre à plusieurs reprises au cours des cinq grandes apparitions mariales du XIXe siècle.

     1) Rue du Bac à Paris ( 1830): c’est l’affirmation que Marie est Médiatrice des grâces que Dieu veut nous donner: «  Venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur », promet la Vierge à sainte Catherine Labouré;

     2) La Salette(1846): c’est l’appel à la conversion et à la pénitence, avec l’aide de Marie: «  Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir »;

     3) Lourdes (1858) : Marie y confirme qu’Elle a été conçue sans péché et que son nom propre est l’Immaculée Conception, quatre ans après la proclamation de ce dogme;

     4) Pontmain (1871) : c’est l’appel à la prière confiante, avec cette inscription dans le ciel autour de la Vierge marie : « Mais Priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon fils se laisse toucher »;

     5) Pellevoisin (1876) : Marie a toute-puissance sur le coeur de Jésus. Elle explique en effet à Estelle Faguette qu’elle vient de guérir: «  Ces grâces sont de mon Fils, je les prends dans son coeur; il ne peut rien me refuser ».

En traçant un « M » sur la France, la Vierge Marie veut marquer notre terre de sa trace, de son nom si doux en qui nous mettons notre confiance, comme le chante un vieux cantique. Selon l’adage, en effet, «  Regnum Gallia, Regnum Maria : le royaume de France est le royaume de marie », et l’honneur qu’Elle nous fait en visitant si souvent la France montre le souci de Marie de protéger et d’enseigner » son peuple ».

Je vous propose cinq «  M » qu’évoque pour moi l’initiale de Marie, et que je soumets à votre réflexion durant ce pèlerinage:

-Marcher : le pèlerinage est à l’image de notre vie sur cette terre, notre «  pèlerinage terrestre », car la vocation de l’homme est d’être en marche, en mouvement, en vie. Les maîtres spirituels nous disent que, dans la vie spirituelle, stagner c’est reculer. Se mettre en marche, c’est se mettre dans des dispositions actives de la volonté de Dieu. Dans la Bible, nombreux sont les modèles du « marcheur de Dieu » : patriarches, prophètes, bergers, peuple hébreu, Apôtres… Chacun a fait la découverte progressive d’un «  Dieu nomade » qui marche à ses côtés, et même devant lui pour le guider.

Marcher en la présence de Dieu signifie suivre ses commandements: « marche en ma présence et sois parfait », dit Dieu à Abraham (Gn 17,1). Et Jésus ne s’est-il pas révélé comme étant «  la Voie » ( Jn 14,6) pour insister sur la nécessité pour tout chrétien de suivre ses enseignements? La sédentarité mène toujours au danger du confort, de l’installation bourgeoise que dénonce souvent le Pape François.

-Mendier: La pauvreté n’est pas tant un comportement matériel qu’une attitude spirituelle fondamentale à pratiquer. Il est cependant bon, dans notre vie, de faire l’expérience de l’indigence matérielle: de se dépouiller volontairement de tout, comme au cours de ce pèlerinage, même du nécessaire, pour redécouvrir la richesse du don de Dieu, et la valeur de ce que nous possédons. Gare au péché de l’envie, matérielle comme spirituelle, qui nous ronge intérieurement en nous ôtant la paix et la joie de posséder Dieu, qui vaut toutes les richesses! Devant Dieu, nous ne sommes rien; sans Dieu, nous ne pouvons rien! Sachons à notre tour nous rendre disponibles envers les nécessiteux, envers ceux qui souffrent de tout genre de pauvreté. Ce n’est pas la valeur du don qui apaise les manques, mais l’amour avec lequel on donne qui en constitue la valeur : il n’y a qu’à voir les enfants « pourris-gâtés » qui, malgré leur opulence, ne sont pas les plus heureux! Saint Pierre l’avait bien compris pour faire l’aumône: « Je n’ai ni or ni argent, mais ce que j’ai, je te le donne: au Nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche! » (Act 3,6). La véritable charité consiste à donner par amour de Jésus-Christ. Dieu aussi se fait mendiant: il mendie notre amour, pour s’enrichir de nos pauvretés!

-Méditer: « Toute l’écriture est inspirée de Dieu, nous dit S.Paul (2 Tim. 3,16-17), et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre ». Savoir ce que Dieu attend de nous implique de nous mettre à son écoute. Comment la Parole de Dieu résonnera-t-elle en moi si je ne la reçois pas humblement et attentivement? Quotidiennement je dois prêter l’oreille à la volonté divine, car chaque jour Dieu attend quelque chose de moi. C’est ce temps d’écoute silencieuse que les maîtres spirituels appellent « méditation ». Dans notre société bruyante et superlative, laissons-nous pénétrer par la force silencieuse de la Parole de Dieu. A côté de la Révélation contenue dans la Bible, nous bénéficions aussi de « révélations privées » reconnues par l’Eglise, au premier rang desquelles figurent les grandes apparitions mariales. Et par ses messages, la Vierge Marie nous livre également des messages importants nous dévoilant les attentes de Dieu sur son peuple, qu’il nous faut recevoir filialement, et mettre en pratique conscienceusement.

-Mûrir: La maturation est un processus nous faisant atteindre un état parfait. Autant dire que dans la vie spirituelle, nous ne cessons jamais de l’atteindre jusqu’à notre mort. D’ailleurs, mûrir et mourir ne sont pas très loin: c’est en mourant à soi-même que l’on grandit spirituellement. « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16,24). Mais mourir ici n’est pas pourrir, et la pédagogie divine consiste à se servir des souffrances ( physiques ou morales) pour nous élever à un stade supérieur. Chaque épreuve constitue pour nous une «  plaie glorieuse » lorsqu’elle est acceptée et offerte dans un esprit de foi.

C’est l’immaturité spirituelle qui nous fait fuir la moindre contrariété; tant que notre foi n’est pas éprouvée, on ne peut pas grandir. Le paradoxe, c’est que pour devenir un sage dans la vie spirituelle, le Christ nous dit qu’ « il faut redevenir comme un petit enfant » (Mt 18,3). Le royaume des Cieux en effet est réservé aux enfants et à ceux qui leur ressemblent : sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Docteur de l’Eglise, l’a admirablement enseigné à travers sa  « voie de l’enfance spirituelle ».

-Merci : si «  Tout est grâce », comme disait encore sainte Thérèse de Lisieux, alors «  Croire en Dieu, c’est vivre dans l’action de grâces » (CEC paragraphe 224). Et saint Paul, le théologien de la grâce, ne pouvait pas ne pas être le prédicateur de l’action de grâces : « Nous devons rendre grâces à Dieu à tout moment parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et par la Foi en la Vérité! », dit-il aux chrétiens de Thessalonique (2 Thess.2,13). Puisque Dieu est le Bienfaiteur universel, l’action de grâces est l’hommage obligé de toutes ses créatures : le chrétien en particulier doit être le plus reconnaissant du monde. Notre culte liturgique centré sur l’Eucharistie- « l’action de grâce » par excellence, la grâce des grâces- est d’ailleurs une reconnaissance à Dieu pour tout ce dont Il nous comble, « car tout est de Lui et par Lui et pour Lui. A lui soit la gloire éternellement! Amen! » (Rm 6,36). Dans sa belle encyclique sur l’Eucharistie, le saint Pape Jean-Paul II nous invitait d’ailleurs à regarder Marie comme le modèle eucharistique : «  Dans l’Eucharistie l’Eglise s’unit pleinement au Christ et à son sacrifice, faisant sien l’Esprit de Marie. C’est une vérité que l’on peut approfondir en relisant le Magnificat dans une perspective eucharistique(…). L’Eucharistie nous est donnée pour que, toute notre vie, comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat » (encycl.Ecclesia de Eucharistia, 2003, paragraphe 58).

Un pèlerinage ne se finit pas à l’arrivée au point fixé: Il n’est qu’un nouveau départ. Vous suivez Marie sur ces routes de France pour mettre vos pas dans ceux du Christ. N’oubliez pas, en repartant chez vous à la fin de cet itinéraire spirituel, que comme saint Jean, le vrai disciple est celui qui prend Marie chez lui (cf.Jn 19,27).

Que Notre-Dame, Reine de France, vous montre chaque jour les trésors de tendresse maternelle qu’elle a pour chacun de vous et pour chacune de vos familles ! Que Dieu vous bénisse et vous garde dans la paix et la joie.

Dominique Rey – Evêque de Fréjus-Toulon