Le M de Marie s’est terminé le 12 Septembre à Pellevoisin
« Lève-toi, lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Eglise, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, mon Nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre« , Saint Pie X.
Après 107 jours de pèlerinage, 25 diocèses traversés, 2000 km parcourus et grâce à deux calèches, le pèlerinage M de Marie à atteint sa destination finale pour le Saint Nom de Marie le 12 Septembre 2020 : il est arrivé à Pellevoisin !
Retrouvez dans cette vidéo les images inédites de la rencontre des deux calèches sur la place du village, du couronnement de Notre-Dame de Pellevoisin et de la consécration aux deux cœurs unis de Jésus et Marie par l’archevêque de Bourges Mgr Jérôme Beau.
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Homélie de Mgr Jérôme Beau, 13 Septembre 2020 :
Frères et sœurs, au long de ce grand « M » qui a traversé la France, alors même que nous traversions Lourdes, Pontmain, La Salette, Pellevoisin, la rue du Bac, nous nous sommes posé une question : comment se fait-il que la Vierge Marie soit apparue si souvent au XIXe siècle ? Comment se fait-il qu’elle soit devenue si bavarde, elle qui est plutôt silencieuse dans l’Évangile et qui nous donne comme ultime parole dans l’Évangile la seule parole qu’il convient de dire à Dieu notre Père : le « oui ». Cependant, si elle a cru bon – elle a eu raison – d’apparaître si souvent au XIXe siècle, c’est parce que ce fut une période où l’homme est fasciné par sa toute-puissance : toute-puissance industrielle. Et dans cette toute-puissance de l’homme, voilà qu’il oubliait le sens de sa vie, qu’il oubliait l’ouverture à Dieu. Pris par la toute-puissance du renouveau industriel, l’homme s’était laissé enfermer sur lui-même.
Aujourd’hui, le « M de Marie » a été suivi par des foules, des foules anonymes, des foules qui, parfois le matin même, ne savaient pas qu’elles allaient suivre la Vierge Marie. Le pas du cheval et le pas de l’homme ont donné à tant d’hommes et de femmes de retrouver le chemin de leur cœur, le chemin de la foi, le chemin de l’amour ou de l’espérance.
Ce grand « M » de la Vierge Marie, qui nous a conduits à relire les apparitions du XIXe siècle, se situe, aujourd’hui, à une époque où l’orgueil de la toute-puissance biologique, de la toute-puissance scientifique, fait de l’homme l’objet de cette toute-puissance jusqu’à l’asservir ou, parfois, jusqu’à lui refuser la vie, pour des questions psychosociales à l’heure même de sa naissance. Non, le désir parental ne peut pas décider d’une existence. Une existence humaine est un don que les parents sont amenés à recevoir pour lui-même, et non pour eux. La Vierge Marie, en apparaissant au XIXe siècle pour ouvrir le cœur de l’homme au-delà de la toute-puissance industrielle, nous rappelle aujourd’hui, par ces apparitions, que l’homme doit ouvrir son cœur au sens de l’existence qui est en Dieu, pour ouvrir la toute-puissance scientifique ou biologique à une autre puissance, celle de l’amour humble et pauvre qui vient irriguer le cœur de l’homme pour lui apprendre le pardon, la paix, l’amour et la joie.
Sur ce chemin, il a fallu le « oui » de la Mère de Dieu. Savait-elle, au moment où elle disait oui, à quoi elle disait oui ? Eh bien oui. Elle le savait, parce qu’elle avait lu le livre du Premier Testament, elle avait lu les Prophètes, elle avait lu le Pentateuque, elle l’avait médité, et elle savait qu’en disant oui à l’ange Gabriel, elle disait oui au salut pour l’humanité. Son cœur était déjà tout tourné vers le cœur de Dieu qui a tant aimé les hommes que, uni à tous les hommes, il voulait leur donner le salut et la vie. Le « oui » de Marie est un acte libre, un acte libre parce qu’un acte d’amour. La générosité du don rend l’homme libre. Ce que l’homme retient comme un dû pour lui-même le rend esclave de lui-même. Le oui de Marie à la volonté du Père est le « oui » amoureux d’une liberté qui se donne et qui sait que c’est dans le don qu’une liberté peut grandir et advenir, et que c’est dans le dû que, justement, la liberté se perd dans le marasme et l’esclavage de nos propres désirs qui viennent semer la division entre les hommes, lorsque le désir de l’homme autocentré vient lui faire refuser la bonté et le don aux pauvres qui réclament amour et miséricorde.
Seigneur Jésus, avec la Vierge Marie, nous avons traversé la France. Avec la Vierge Marie, nous avons rendu grâce pour ta présence sur la route. Nous avons rencontré des cœurs aimant ta Mère et notre Mère, la Vierge Marie. Au pas du cheval, au pas de l’homme, nous avons écouté la Vierge Marie. Elle a intercédé auprès de Vous, Seigneur Jésus, pour la France, pour la création et pour le monde. Elle a intercédé pour un monde de fraternité. Elle nous a dit sa souffrance devant l’humanité prisonnière de sa toute-puissance, enfermée sur elle-même. Pour nous ouvrir au dessein bienveillant de Dieu le Père, elle nous a montré son cœur – l’apparition du 19 février, ici, à Estelle Faguette –, son cœur uni à celui de son Fils Jésus, un cœur humain, un cœur tout divinisé par le don de Dieu, un cœur divin dont l’amour vient nous sauver. Elle nous a dévoilé ce cœur qui a tant aimé le monde. Ici, la Vierge Marie donne à Estelle Faguette – cette femme pauvre, servante qu’elle vient de guérir miraculeusement – la mission de faire connaître ce cœur qui a tant aimé le monde. Dieu a tant aimé le monde qu’il nous a donné son Fils unique. Aller jusqu’au cœur du Christ, se laisser conduire par le cœur de la Vierge Marie, c’est aller jusqu’au fond de nous-mêmes, jusqu’à l’intimité de notre être : Dieu est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes, et son cœur au fond de nous apprend à notre cœur ce que c’est qu’aimer, se donner, ce que c’est qu’aimer dans un acte libre qui transforme le monde, mais dont la loi de l’amour est celle du don total, du don infini, du don de miséricorde.
Au-dessus de cette croix se trouve la couronne d’épines. La croix est le trône où notre Roi, Dieu à jamais, est uni à l’humanité. Voici notre Roi : il est sur le trône de la croix, et son cœur est éternellement ouvert. Nul n’a pu transpercer le cœur du Christ, car il était déjà ouvert. Et de ce côté ouvert coulent sans cesse l’eau du baptême, pour que nous soyons irrigués de la vie divine, et le sang de l’Eucharistie, pour que nous devenions celui qui nous aime : le Christ notre Sauveur. Et la Vierge Marie nous porte en son sein, pour que nous nous laissions enfanter, que nous nous laissions mouler (comme dit saint Louis-Marie Grignion de Montfort) dans la Vierge Marie, pour devenir ce que nous sommes. Et si nous devenons ce que nous sommes, alors nous mettrons le feu au monde, nous dit sainte Catherine de Sienne. Devenir ce que nous sommes dans un acte d’abandon, cet acte d’abandon qu’Estelle Faguette a appris peu à peu à faire, jusqu’à en être guérie, l’acte d’abandon de notre Roi : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »
La royauté du Christ est dans cette confiance libre et amoureuse au Père, cette confiance que la Vierge Marie a enseignée à Estelle avant sa guérison, afin de la préparer. S’en remettre à l’amour du Père, croire que, pour avancer, il faut être désarmé : désarmé de nos murs et avant-murs, pour se laisser envahir par un amour qui est toute-puissance, qui renverse les puissances de ce monde. Ce monde se laisse enorgueillir par la puissance : puissance des armes, puissance de la technique, puissance aussi, parfois, du mensonge. Et voilà que le Christ – Chemin, Vérité et Vie – vient nous apporter la vie, parce qu’il nous apporte la vérité de notre être. La vérité de notre être, c’est que nous sommes enfants de Dieu : tout homme, toute femme, tout enfant, est enfant de Dieu et porte en lui cette dignité qui ne vient pas d’être homme, mais qui vient de ce que l’homme porte plus grand que lui : Dieu lui-même. Cette dignité ne peut jamais être détruite. Nulle puissance humaine ne pourra détruire la dignité de l’homme, parce que cette dignité ne vient pas de l’homme : elle vient de Dieu qui habite en l’homme et qui a répandu dans son cœur le don de l’Esprit Saint. Il ne suffit pas de parler de dignité pour que la dignité de l’homme soit respectée. Il faut encore porter en son sein cette dimension d’un homme qui porte en lui plus grand que lui-même. Ce qu’il porte plus grand que lui-même, c’est ce pardon, ce pardon infini.
Le Fils, les fils et frères de Jésus (??) ne sont pas là pour entrer dans un combat de puissance, entrer dans un combat de polémique. Ils sont là simplement pour offrir la guérison d’un amour infini qui va jusqu’au pardon, et qui vient au cœur même de nos blessures leur apporter la cicatrisation et qui donne à chacun d’entre nous, dans nos cicatrices, de devenir, au cœur même de ces blessures, la porte par laquelle l’amour entre et l’amour se donne. Le Christ nous a donné cet amour infini qui pardonne sur le trône de sa royauté, la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » La royauté est dans l’infini de l’amour : aimer et toujours aimer et encore aimer. L’objet du discernement de l’homme n’est pas dans la rationalité, enfermée sur elle-même ; l’objet du discernement de l’homme est l’amour même de Dieu qui se donne et qui devient le cœur même de ce qui habite notre raison, pour être raisonnable, d’une raison plus grande que notre raison enfermée sur elle-même : la raison même de l’amour de Dieu. Le cœur du Christ est ouvert. L’eau du baptême et de la renaissance humaine ne cesse d’être répandue sur le monde. Le sang du Christ ne cesse de transformer l’humanité, en lui donnant déjà sur cette terre d’avoir part à la royauté de Dieu. Cette royauté est déposée sur une femme : la Vierge Marie, la Vierge Reine, la Vierge couronnée. Cette Vierge couronnée est cette Vierge Reine. Elle l’est, parce qu’elle est la première de toute l’humanité à avoir suivi le premier-né d’entre les morts, corps, esprit et âme, dans la totalité de sa personnalité et de son humanité. Elle est la première à avoir suivi le premier-né d’entre les morts et à avoir accédé à la communion du Père pour l’éternité dans la gloire de l’unité du corps, de l’esprit et de l’âme. Ainsi, nous sommes, par elle, guidés. Le chemin est ouvert pour que, nous aussi, nous comprenions que notre vie est en Dieu, que notre avenir est en Dieu, que nous sommes faits pour Dieu et que notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en lui.
Au-delà de l’Assomption que nous avons fêtée avec le « M de Marie » d’une façon, j’oserais dire, majestueuse dans la ville de Paris en traversant de la rue du Bac à Montmartre, nous voici maintenant au cœur de la France, au centre de la France, à Pellevoisin, ce cœur de la France où le cœur de la Vierge Marie est uni au cœur du Fils. Le couronnement de la Vierge Marie manifeste que l’homme ouvert à la grâce participe à cette royauté du Christ. Nous sommes appelés à participer à cette royauté du Christ à laquelle la Vierge Marie participe pleinement comme Reine, comme Vierge Reine, parce que Marie Reine est celle qui porte, justement, la figure du destin de l’humanité. Le destin de l’humanité, le destin personnel, n’est pas un fatalisme auquel nous serions soumis et auquel la prière nous ferait consentir. Le dessein bienveillant de Dieu, la destinée de chacune et de chacun d’entre nous, c’est l’acte libre d’amour où nous pourrons, en courant vers le Père, découvrir les bras du Père ouverts et, en lui, vers lui, par lui, ouvrir les bras, nous laisser enlacer par lui, en lui disant : « Je suis un pauvre pécheur, mais je t’aime et je veux vivre de cette royauté de l’amour toute ma vie, sur cette terre, pour en vivre au ciel. » Marie Reine est justement la première de toute l’humanité à nous signifier cette royauté à laquelle nous avons part et à laquelle nous sommes appelés : la royauté de la pauvreté, de la simplicité et de l’humilité de l’amour, mais cette toute-puissance d’un oui à dire à Dieu.
En couronnant la Vierge Marie de Pellevoisin, c’est finalement chacune et chacun d’entre nous qui est appelé à porter la couronne de la royauté, couronne d’épines et couronne majestueuse couverte de diamants, de jaspes et de rubis, comme nous dit l’Apocalypse 21. C’est ce chemin-là où la royauté de Dieu se dit dans la pauvreté d’une femme, la Vierge Marie, première de toutes les femmes, première de tous les hommes à être couronnée de cette couronne d’amour que nous recevons et que nous avons à porter au monde comme une bonne nouvelle et comme une espérance.
Aujourd’hui, maintenant, il convient que nous puissions couronner la Vierge Marie et, en célébrant la Vierge Marie Reine, découvrir ainsi cette participation au royaume de Dieu, comme nous dit le Christ : « Cherchez d’abord son Royaume et sa justice ». Pour cela, accueillons la Vierge Marie Reine, pour contempler et aimer le Christ Roi.